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mardi 28 août 2012

La monnaie du crime



Le titre du film n'a rien de programmatique, A perdre la raison est un film rigoureux, raisonné (dans le sillage d'un Haneke). Le sujet est tiré d'un fait divers belge, une mère poignarda ses quatre enfants, mais l'acte importe moins que le cheminement qui y conduit. Au début il n'y a qu'une femme amoureuse mais le jeune couple se fait financer par un beau-père docteur (Tahar Rahim et Niels Arestrup jouaient déjà ensemble dans Un prophète de Audiard) dont la présence se fait de plus en plus oppressante. Il prend peu à peu le contrôle du nouveau  foyer par le biais de son argent et de ses relations.

Joachim Lafosse excelle dans la mise en place du malaise et on trouve dans A perdre la raison une vraie finesse sur les mécanismes de la pression sociale, sur l'ambiguïté du don, entre générosité et moyen de rendre dépendant. L'infanticide y apparaît alors comme un acte désespéré, une vengeance sur le rôle de femme docile qu'elle ne veut plus jouer. Le réalisateur ne justifie ni ne cautionne le crime, il oppose à la barbarie dans le sang la violence insidieuse et virulente du harcèlement.

Benoît, http://hotelsaintvincentparis.com/


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