Avec ses cinq heures et
des acteurs qui parlent polonais, la pièce La
cité du rêve de Krystian Lupa pourrait en effrayer plus d’un. Pourtant ce
serait passer à côté d’un grand metteur en scène contemporain qui, après avoir
frayé avec des œuvres aussi colossales que Les
frères Karamazov de Dostoïevski ou Les
somnambules de Hermann Broch, s’attèle aujourd’hui à l’unique roman du
peintre symboliste Alfred Kubin.
Un homme nommé Patera
décide de fonder une cité idéale nommée La perle, la pièce se déroule après l’échec
de ce projet utopique. Le spectateur suit tout d’abord le morne quotidien des
habitants de cette ville avant d’assister à leurs multiples témoignages. Plus
que la colère d’avoir été trompé, les habitants laissent entendre une grande
tristesse. Ces tribulations désenchantées dans un décor entre la ruine et l’asile
laissent entrevoir le monde plat et fatigué de ceux qui ont perdu tout espoir.
Lupa réussit son pari de mettre en scène la lassitude physique et morale de ses
personnages et de s’imposer dans la durée.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire